Volte-face in no sens – lecture participative

Notre recherche documentaire nous a permis de rencontrer l’œuvre de Svetlana Alexievitch, La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse. Nous avons imaginé un dispositif où les spectateurs et spectatrices volontaires pourraient en lire des extraits. La lecture est balisée dans le temps, 20 mn environ si elle intervient avant la performance. Elle peut être plus longue dans le cadre d’un atelier spécifique.


EXTRAIT

Monologue sur le fait qu’un russe a toujours besoin de croire en quelque chose
N’avez-vous pas remarqué que nous n’en parlons pas, même entre nous ? Dans des dizaines et des centaines d’année, tout cela sera de la mythologie…
Je crains la pluie… voilà ce que c’est, Tchernobyl. Je crains la neige… et la forêt. Ce n’est pas une abstraction, une déduction, mais un sentiment qui gît au plus profond de moi-même. Tchernobyl se trouve dans ma propre maison. Il est dans l’être le plus cher pour moi, dans mon fils qui est né au printemps 1987… Il est malade … Les animaux, même les cafards, savent à quel moment il convient d’enfanter. Les hommes ne le peuvent pas. Dieu ne leur a pas donné le sens du pressentiment. Récemment, j’ai lu dans les journaux qu’en 1993 les femmes de Biélorussie ont subi, à elles seules, deux cent mille avortements. Et la cause principale en est Tchernobyl. Nous vivons partout avec cette peur… La nature semble se recroqueviller en attendant. En guettant. « Malheur à moi ! Où le temps est-il passé ? » se serait exclamé Zarathoustra. (…)

Extrait issue de :  La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse de  Svetlana Alexievitch.